Gerald Petit : trajectoires artistiques d’un explorateur de l’image

Gerald Petit : trajectoires artistiques d’un explorateur de l’image #

La formation et l’enseignement : un ancrage entre Dijon, Lyon et Paris #

Gerald Petit voit le jour en 1973 à Dijon, où il développe très tôt une sensibilité aiguë pour l’image. Diplômé en 1996 de l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Dijon, il s’imprègne du contexte effervescent des années 1990, période où la peinture figurative demeure marginalisée au profit de pratiques conceptuelles. Cette situation l’amène à établir un dialogue fécond entre peinture et photographie, au sein d’un cursus profondément marqué par le questionnement du statut de l’image.

Son engagement pédagogique se concrétise dès 1999 à l’école des Beaux-Arts de Chalon-sur-Saône, puis à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon (2008-2017), où il contribue à façonner les approches des jeunes artistes. En 2018, il rejoint le corps enseignant de l’École nationale supérieure des Beaux-arts de Dijon et celui du collège Expression plastique à l’École nationale supérieure des Arts Décoratifs de Paris, consolidant une vision de la transmission artistique qui valorise l’expérimentation et la veille critique.

  • École nationale supérieure des Beaux-arts de Dijon: formation initiale et ancrage dans la tradition picturale
  • Enseignement à Chalon-sur-Saône puis Lyon : développement d’un pôle de réflexion sur l’image contemporaine
  • Professeur à Dijon et Paris : interface entre tradition académique et recherche plastique contemporaine

Entre peinture et photographie : la dualité créative #

La pratique de Gerald Petit se distingue par la tension permanente entre deux médiums : la peinture et la photographie. Dès ses débuts, il juxtapose ces deux langages afin de mieux interroger leurs limites, leurs spécificités et leurs zones d’interférence. Cette confrontation, loin d’être purement formelle, s’inscrit dans une réflexion sur la capacité de l’image à transcender la réalité et à engager le spectateur dans une expérience sensible et critique.

À lire Gerald Petit : Un créateur à la frontière de la peinture et de la photographie

L’artiste a progressivement abandonné la photographie en réaction à la banalisation de la prise de vue provoquée par la généralisation des smartphones. Pourtant, la trace de cet héritage reste vive dans sa peinture, qui intègre la notion de capture d’instant chère à l’art photographique. Ses toiles, à la frontière de l’abstraction et de la figuration, exploitent la lumière, le cadrage et la composition pour interroger la fabrique même de l’image.

  • Peinture vs photographie : création de dialogues entre technologie et geste pictural
  • Transition de la photographie à la peinture comme médium de synthèse et d’introspection
  • Recherche sur la matérialité de l’image : utilisation des couleurs superposées pour créer des noirs profonds, évitant la peinture noire classique

L’instant saisi : la matière du vivant #

Au cœur de l’œuvre de Gerald Petit se trouve la quête du saisissement : cette capacité à figer l’instant tout en révélant la densité de ce qui échappe au regard commun. Ses tableaux et photographies explorent la fragmentation et l’éclatement des sujets, mettant en scène des fragments de visages, des mains en action, des animaux surgissant dans un espace indéfini, des paysages en suspension. La gestuelle y est omniprésente, tout comme la trace d’une émotion ou d’un mouvement qui vient troubler la perception.

Cette approche trouve tout son éclat dans des séries telles que « Dark Sky », où les ciels crépusculaires sont le fruit d’un patient travail de superposition chromatique. Loin de se limiter à la représentation du réel, Petit inscrit ses œuvres dans une poétique de l’identification partielle, dévoilant des zones d’ombre et instaurant une tension entre apparition et disparition.

  • Concentration sur des motifs fragmentaires : mains, regards, oiseaux en vol
  • Exploration du mouvement et de l’invisible par la matérialité de la peinture
  • Référence constante à la sensation de l’instant, à la frontière du souvenir et de la vision

Expositions majeures et reconnaissance institutionnelle #

La notoriété de Gerald Petit s’est affirmée au fil d’une série d’expositions personnelles et collectives, au sein d’institutions reconnues et de galeries de tout premier plan. En 2023, il propose « Ni île » au FRAC Normandie, puis dévoile « AMAREM » en 2025 à la Galerie In Situ – fabienne leclerc, où la dualité entre peinture et photographie et la question du regard contemporain prennent un relief particulier. L’œuvre de Petit a intégré des collections publiques majeures, confirmant son impact sur la scène artistique française.

À lire Mickael Haik : un acteur polyvalent dans le monde juridique et entrepreneurial

La visibilité institutionnelle s’accompagne d’une reception critique soutenue, qui salue la singularité de sa démarche et sa capacité à renouveler sans cesse les codes de représentation. Ses expositions deviennent alors des laboratoires d’expérimentation, où se confrontent les attentes du public et l’exigence de l’artiste.

  • 2025 : AMAREM, Galerie In Situ – fabienne leclerc, Romainville
  • 2023 : Ni île, FRAC Normandie, Caen
  • 2017 : Fondling, Galerie Triple V, Paris
  • 2014 : Blue bird bright night black bird, Galerie Triple V, Paris

La transmission et les enjeux de l’image contemporaine #

La carrière de Gerald Petit ne saurait se comprendre sans la prise en compte de sa fonction pédagogique et réflexive. Par son engagement auprès des étudiants, il questionne la manière dont les jeunes artistes s’emparent de l’image à l’ère numérique, interrogeant les frontières mouvantes entre observation et invention. Sa pédagogie, fondée sur l’expérimentation et l’analyse critique, encourage à sortir des sentiers battus pour réinvestir les fondements de la peinture tout en prenant en compte les mutations technologiques.

L’artiste souligne la nécessité d’adopter une approche renouvelée de la création à l’heure où la photographie s’est démocratisée, remettant en question la singularité du regard artistique. La transmission de son expérience, alliée à une véritable réflexion sur les enjeux contemporains de l’image, fait de Gerald Petit un acteur clé dans la redéfinition des pratiques artistiques au XXIe siècle.

  • Accompagnement des artistes en devenir vers une pratique critique de l’image
  • Réflexion sur la place de la photographie à l’ère du numérique
  • Transmission des savoir-faire liés à la peinture contemporaine et à l’expérimentation

Conclusion : Gerald Petit, révélateur de contemporanéités #

L’œuvre de Gerald Petit cristallise les mutations de nos rapports à l’image, depuis l’essor de la photographie numérique jusqu’à la redécouverte du pouvoir de la peinture en tant qu’acte de résistance et de méditation. Son parcours, ponctué de choix radicaux et de remises en question, fait émerger des œuvres où la matière picturale rencontre la question du sensible et du vivant. Nous considérons que son engagement dans l’enseignement et la réflexion sur la transmission sont tout aussi essentiels à sa démarche que ses créations proprement dites.

À lire André Darrigade : l’infatigable lévrier des Landes, roi du sprint cycliste

Explorer l’univers de Gerald Petit, c’est accepter de se confronter à des images qui déstabilisent, qui provoquent la réflexion et qui obligent à repenser nos propres outils du regard. Une position que nous jugeons précieuse à l’heure où la prolifération des images appelle à une vigilance accrue et à la réinvention constante du langage plastique.

Juris Excell Formation est édité de façon indépendante. Soutenez la rédaction en nous ajoutant dans vos favoris sur Google Actualités :